Novecento: Pianiste






Titre: Novecento: Pianiste
Auteur: Alessandro Baricco
Editions: Folio
Date de parution: 02/2002
96 pages
2euros



Synopsis:

" Né lors d'une traversée, Novecento, à trente ans, n'a jamais mis le pied à terre. Naviguant sans répit sur l'Atlantique, il passe sa vie les mains posées sur les quatre-vingt-huit touches noires et blanches d'un piano, à composer une musique étrange et magnifique, qui n'appartient qu'à lui: la musique de l'Océan dont l'écho se répand dans tous les ports. Sous la forme d'un monologue poétique, Baricco allie l'enchantement de la fable aux métaphores vertigineuses. "



Avis:


Novecento: Pianiste, c'est quoi ?
C'est un monologue théâtrale mais qui n'a pas cette théâtralité exacerbée à laquelle on peut s'attendre au début.

C'est pour cela que quand je vais parler de cet ouvrage j'utiliserai certainement plus le mot "roman" ou "nouvelle" que "pièce".
Pour ceux qui ne sont pas friands de théâtre justement ne prenez pas peur.
Pour ceux qui aiment passionnément le théâtre, alors je doute que la théâtralité de cette pièce ne vous plaise.
Bon passons aux moutons. Si vous avez déjà entendu parler d'Alessandro Barrico c'est certainement pour sa nouvelle "Soie" qui a eue un fort succès et dont on parle encore aujourd'hui comme étant sa meilleure oeuvre. Or voilà, j'ai Soie dans ma PAL mais en faisant l'acquisition de Novecento: Pianiste, j'ai commencé par ce dernier.
L'histoire: c'est celle de Novecento qui naît sur un bateau et qui y passe toute sa vie, Mais vraiment TOUTE sa vie, il n'a jamais mit un pied sur la terre ferme. Un peu par hasard semble t'il, il se passionne pour le piano et c'est un don. Il n'a appris nulle part et joue comme un dieu.
Cette histoire n'est pas truffée d’événements mais le rythme est assez maintenu par la théâtralité et l'histoire s'écoule un peu comme la mer, parfois il y a une vague, puis c'est calme et vient une nouvelle vague plus ou moins forte et ainsi de suite. Le narrateur et donc seul acteur mêle à son discours des réflexions sur tel ou tel personnage.
C'est un texte qui m'a touché pour sa sensibilité et sa poésie. Sensibilité car l'histoire est vraiment attendrissante et prenante et poésie car c'est un peu comme un cours d'eau qui passe dans les bois et qui porte en lui une certaine féerie sous-jacente. Et puis bon, quand même, on parle de piano alors c'est forcément un peu chantant!
L'écriture de l'auteur m'a étrangement fait penser à celle de Stefan Zweig, je ne saurais expliquer.
Le personnage de Novecento est vraiment attachant, pourtant il ne parle presque jamais et aucune de ses émotions n'est réellement explicitée (eh oui, vu qu'il n'est pas le narrateur). Il semble connaître tellement du monde sans y avoir mit les pieds, c'est vraiment dingue. Il est un peu l'exemple et le contre-exemple de la vie. D'un côté c'est une personne qui sait de quoi sont  faits ses choix et qui les comprends parfaitement. Novecento est vraiment réfléchi et représente un forme de contentement. Il ne cherche pas à avoir plus que ce qu'il a. Mais c'est aussi un défaut, c'est à dire qu'il ne décide jamais vraiment de faire quelque chose d'inédit pour lui, pour sa vie, il semble ne jamais chercher l'aventure ou des sensations inconnues. Il est un paradoxe vraiment intéressant.
J'ai maintenant encore plus envie de me plonger dans "Soie" pour retrouver cette écriture chantante.
Je conseille vivement cette pièce en petite lecture entre deux livres l'histoire de se laisser un intsant porter par les vagues.






Extrait que j'ai beaucoup aimé mais qui est un peu long (presque autant que ma phrase):



"Imagine, maintenant : un piano. Les touches ont un début. Et les touches ont une fin. Toi, tu sais qu'il y en a quatre-vingt-huit, là-dessus personne peut te rouler. Elles sont pas infinies, elles. Mai toi, tu es infini, et sur ces touches, la musique que tu peux jouer elle est infinie. Elles, elles sont quatre-vingt-huit. Toi, tu es infini. Voilà ce qui me plaît. Ca, c'est quelque chose qu'on peut vivre. Mai si je monte sur cette passerelle et que devant moi se déroule un clavier de millions de touche, des millions, des millions et des milliards de touches, qui ne finissent jamais, et ce clavier-là, il est infini/
Et si ce clavier est infini, alors/
Sur ce clavier-là, il n'y a aucune musique que tu puisses jouer. Tu n'es pas assis sur le bon tabouret : ce piano-là, c'est Dieu qui y joue/
Nom d'un chien, mais tu les as seulement vues, ces rues ?
Rien qu'en rues, il y en avait des milliers, comment vous faites là-bas pour en choisir une/
Pour choisir une femme/
Une maison, une terre qui soit la vôtre, un paysage à regarder, une manière de mourir/
Tout ce monde, là/
Ce monde collé à toi, et tu ne sais même pas où il finit/
Jusqu'où il y en a/
Vous n'avez jamais peur, vous, d'exploser, rien que d'y penser, à toute cette énormité, rien que d'y penser ? D'y vivre... /
Moi, j'y suis né, sur ce bateau. Et le monde y passait, mais par deux mille personnes à la fois. Et des désirs, il y en avait aussi, mais pas plus que ce qui pouvait tenir entre la proue et la poupe. Tu jouais ton bonheur, sur un clavier qui n'était pas infini.
C'est ça que j'ai appris, moi. La terre, c'est un bateau trop grand pour moi. C'est un trop long voyage. Une femme trop belle. Un parfum trop fort. Une musique que je ne sais pas jouer. Pardonnez-moi. Mais je ne descendrai pas."

Commentaires

  1. Je ne connaissais pas du tout cet auteur, merci pour la découverte :)

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    1. Coucou Mélissandre, c'est un plaisir !
      Si tu lis un jour fais nous part de ton avis ça me ferait plaisir :)

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